UN POINT DE VUE, PARTIAL, FORCEMENT…

MONTSERRAT, d’Emmanuel ROBLES, par la Cie LE VEAU DES CHAMPS, au GRAU DU ROI.

Dans le cadre du 5ème Festival Itinérant du Languedoc-Roussillon, au Grau du Roi, la compagnie LE VEAU DES CHAMPS  de Montpellier nous a proposé MONTSERRAT  d’Emmanuel Roblès. Celui-ci, né en Algérie, écrit cette tragédie en 1947 qui sera créée en 1948, le même jour, cette année-la, à Paris et à Alger.

Dans cette intrigue située en 1812 au Venezuela – parfois l’Histoire hoquette –  Bolivar le chef des révolutionnaires vénézuéliens, est en fuite grâce à la complicité de Montserrat, un officier espagnol. Celui-ci, désormais considéré comme un traitre, risque d’être exécuté s’il ne dévoile pas la cachette de Bolivar. Comment le faire parler ? Le lieutenant Izquierdo imagine un stratagème aussi ingénieux que monstrueux: raffler, au hasard, dans la rue, six otages qui seront exécutés si Montserrat ne livre pas le lieu où Bolivar s’est réfugié.

La pièce interroge habilement sur la guerre, la morale, la vengeance, la trahison, le prix d’une vie rapporté au destin d’un peuple… Ce texte très fort rappelle « La Controverse de Valladolid » de JC Carriere, et fait évidemment écho à d’autres barbaries plus proches de nous dans le temps et I’espace..

La Compagnie  LE VEAU DES CHAMPS  nous a proposé une remarquable version de cette tragédie. Les deux principaux protagonistes, Montserrat et Izquierdo, sont remarquablement interprétés: Montserrat souvent mutique, tourmenté mais entier dans sa décision de ne rien dire. Une fois, une seule il est prêt à révéler la cachette de Bolivar et c’est une très jeune indienne qui l’empêchera de parler. Izquierdo, sadique et cruel qui choisit très naturellement, comme militaire, un marché impossible pour Montserrat: la vie des six otages contre la capture de Bolivar. Montserrat complexe héros, Izquierdo entêté cynique sont tenus de bout en bout par deux excellents comédiens. A noter aussi l’interprétation tout en retenue et en justesse du personnage de Moralès, adjoint féroce d’lzquierdo. Les autres comédiens sont justes, le metteur en scène a su les cadrer dans une juste interprétation des otages.

Un bémol toutefois, concernant les costumes ratés, à mon gout, du père CoroniI et de l’acteur Salcedo. Le peu réussi costume du père Coronil m’a gêné pour me laisser entrainer par le comedien. Je sais bien que parfois on sacrifie les costumes laissés à l’appréciation des comédiens ou de costumiers indifférents… mais pourquoi avoir, dans un spectacle d’une grande qualité, des négligences qui gênent un peu le plaisir pris par le spectateur. Ce ne devrait pas être trop difficile de corriger. Pour retrouver un spectacle totalement réussi.

Guy-Michel Carbou

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