« LA THÉORIE DU MOINEAU »

de Frédéric SABROU, par la Cie de la Mise en Bouteille, à PEZENAS.

theorie_moineauCe qu’il y a de bien dans un festival, c’est la possibilité d’assister à de bons spectacles, soigneusement choisis par les organisateurs et, parfois de se laisser séduire par l’un d’eux.
La compagnie de la Mise en Bouteille de Vailhauquès a choisi de présenter la pièce de Frédéric Sabrou, La Théorie du Moineau.
Dans une «ville de province» et «dans un futur proche », c’est-à-dire partout et presque aujourd’hui, deux femmes se retrouvent sur des prie-Dieu voisins. L’une est venue au calme pour tenter de ressaisir le sens de sa vie qui part en miettes et l’autre est entrée parce que prier est « déstressant et bon pour les cheveux »… Immédiatement est établie l’opposition entre les deux femmes qui incarnent deux types de rapports à la vie.
Nika parle de Jérémie ; il ne va pas bien, il est odieux avec elle ; il fait tout pour qu’elle s’en aille. Mais elle reste, en supportant sa révolte, ses provocations et ses délires. Et son père aussi, le vieux docteur abusé par le jeunisme qui semble profiter de l’état de son fils pour s’incruster. Frédéric Sabrou, auteur de théâtre et scénariste, à écrit cette comédie dramatique à la fois tendre et cruelle, qui nous interpelle sur de futures dérives déjà perceptibles dans notre quotidien. Chacun des personnages cache derrière une apparence ostentatoire égoïste, une face généreuse dévouée (vouée ?) à l’autre. On comprend bien que la seule valeur qui demeure au cœur de l’absurde est la capacité qu’ont certains êtres de s’oublier pour l’autre.
Le texte de Frédéric Sabrou est servi avec talent par des comédiens vibrants, mis en scène par Jean-Claude Arnal qui a su jouer de leur tension et de leur talent. Nika émouvante et farouche, se débat dignement dans les affres d’une existence vacillante, avec un sens du pathétique qui évite intelligemment le ridicule. Jade, cynique, incarne absolument ce ricanement des êtres qui n’ont comme seul masque et seule protection que le mépris. Jérémie EST l’écorché, l’homme perdu avec une fièvre et une puissance fascinantes. Enfin, le père passe du registre du sourire à celui de la tragédie et permet ainsi une respiration dans un texte dense et exigeant.
Ainsi, ce quatrième festival itinérant de l’Union Régionale Languedoc-Roussillon, a pris fin sur une note plutôt sombre mais ô combien pleine d’espoir pour le théâtre amateur.

GMC

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